"Défaire le racisme, affronter le fascisme" : c'est le titre du livre d'entretiens récemment publié aux éd. La Dispute par Ugo Palheta, sociologue, militant, auteur de plusieurs ouvrages sur la menace fasciste aujourd'hui, co-directeur de la revue en ligne "Contretemps", et Omar Slaouti, conseiller municipal à Argenteuil, militant antiraciste, co-directeur de l'ouvrage "Racismes de France". Julien Théry a reçu les deux auteurs juste avant le premier tour de l'élection présidentielle, pour une discussion qui a encore gagné en actualité avec le passage au second tour, pour la troisième fois en 20 ans, d'une candidature d'extrême-droite.
La montée de l'autoritarisme d'Etat sous toutes ses formes en France depuis le quinquennat Sarkozy, accélérée sous F. Hollande puis encore sous E. Macron, est allée de pair avec un phénomène inédit de diffusion généralisée des idées racistes et de respectabilisation de leurs promoteurs d'extrême-droite ou d'extrême-centre dans les médias. U. Palheta et O. Slaouti reviennent d'abord sur la crise d'hégémonie du néolibéralisme qui explique cette situation : c'est parce qu'elles ne sont plus en mesure d'obtenir le consentement minimal nécessaire des gouvernés à la destruction des structures de protection collective et à l'explosion des inégalités que les élites dirigeantes ne peuvent plus appliquer leurs politiques qu'au prix d'une fascisation faite d'oppression policière dans les quartiers populaires, de répression violente des contestations socio-politiques, de discrédit systématique des discours critiques dans l'espace public et, par ailleurs, de stimulation des haines racistes, en particulier contre les musulmans mais plus largement contre toutes les populations issues de l'immigration plus ou moins récente.
Les deux auteurs reprennent des considérations historiques, des mises au points conceptuelles et des analyses sur le formes de lutte récentes données dans leur livre, pour clarifier l'articulation entre développement du racisme et menace fasciste, de manière à mieux réfléchir aux stratégies de résistance. Il est notamment question, au fil de la discussion, des liens historiques et structurels entre capitalisme et racisme ainsi que des racines spécifiquement coloniales du racisme français, en particulier du maintien de l'ordre militarisé dans les banlieues françaises. U. Palheta et O. Slaouti reviennent aussi sur l'écrasante responsabilité de la "gauche de gouvernement" dans le développement en France du racisme, et tout particulièrement de l'islamophobie, depuis le début des années 1980, avec le choix inaugural fait par le premier ministre Pierre Mauroy et les membres de son gouvernement Gaston Deferre et Jean Auroux d'assimiler à un mouvement islamiste, pour mieux la réprimer, la grève des travailleurs immigrés des usines Talbot de Poissy. Depuis les pressions du président Mitterrand pour que la chaîne de Télévision Antenne 2 invite Jean-Marie Le Pen à la télévision, en 1984, jusqu'à l'obsession islamophobe d'un Manuel Valls, la stimulation et l'instrumentalisation du racisme ont été en bonne place dans le répertoire d'action des représentants du parti socialiste (et parfois du parti communiste). Ce sont toujours des pulsions profondes héritées du colonialisme qui ainsi ont été mobilisées, souvent sous les oripeaux progressistes d'un "universalisme" transformé en moyen de domination.
Au boycott par le PS et EELV de la manifestation "stop à l'islamophobie" du 10 novembre 2019 (laquelle a été l'un des rares succès du combat antiraciste ces dernières années en réunissant les premiers concernés, en lutte pour la dignité, et une bonne partie de la gauche dont LFI), s'est opposé la participation de Y. Jadot, d'O. Faure et de F. Roussel, aux côté d'E. Zemmour et de G. Darmanin, à la manifestation organisée le 19 mai 2021 par le syndicat policier d'extrême-droite Alliance... pour exiger la suspension de l'Etat de droit au profit de l'impunité policière. On retrouve, en rapprochant ces deux événements, les liens structurels actuellement à l'oeuvre entre consensus raciste et consentement à la fascisation.
A quel moment l'augmentation quantitative de l'autoritarisme et des violences d'Etat débouche-t-elle sur le saut qualitatif qui fait passer à un régime fasciste ? A quel moment la montée du racisme d'Etat laisse-t-elle la place à l'établissement d'un Etat raciste ? Les analyses d'Ugo Palheta et d'Omar Slaouti sur ces questions sont d'une actualité brûlante
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La montée de l'autoritarisme d'Etat sous toutes ses formes en France depuis le quinquennat Sarkozy, accélérée sous F. Hollande puis encore sous E. Macron, est allée de pair avec un phénomène inédit de diffusion généralisée des idées racistes et de respectabilisation de leurs promoteurs d'extrême-droite ou d'extrême-centre dans les médias. U. Palheta et O. Slaouti reviennent d'abord sur la crise d'hégémonie du néolibéralisme qui explique cette situation : c'est parce qu'elles ne sont plus en mesure d'obtenir le consentement minimal nécessaire des gouvernés à la destruction des structures de protection collective et à l'explosion des inégalités que les élites dirigeantes ne peuvent plus appliquer leurs politiques qu'au prix d'une fascisation faite d'oppression policière dans les quartiers populaires, de répression violente des contestations socio-politiques, de discrédit systématique des discours critiques dans l'espace public et, par ailleurs, de stimulation des haines racistes, en particulier contre les musulmans mais plus largement contre toutes les populations issues de l'immigration plus ou moins récente.
Les deux auteurs reprennent des considérations historiques, des mises au points conceptuelles et des analyses sur le formes de lutte récentes données dans leur livre, pour clarifier l'articulation entre développement du racisme et menace fasciste, de manière à mieux réfléchir aux stratégies de résistance. Il est notamment question, au fil de la discussion, des liens historiques et structurels entre capitalisme et racisme ainsi que des racines spécifiquement coloniales du racisme français, en particulier du maintien de l'ordre militarisé dans les banlieues françaises. U. Palheta et O. Slaouti reviennent aussi sur l'écrasante responsabilité de la "gauche de gouvernement" dans le développement en France du racisme, et tout particulièrement de l'islamophobie, depuis le début des années 1980, avec le choix inaugural fait par le premier ministre Pierre Mauroy et les membres de son gouvernement Gaston Deferre et Jean Auroux d'assimiler à un mouvement islamiste, pour mieux la réprimer, la grève des travailleurs immigrés des usines Talbot de Poissy. Depuis les pressions du président Mitterrand pour que la chaîne de Télévision Antenne 2 invite Jean-Marie Le Pen à la télévision, en 1984, jusqu'à l'obsession islamophobe d'un Manuel Valls, la stimulation et l'instrumentalisation du racisme ont été en bonne place dans le répertoire d'action des représentants du parti socialiste (et parfois du parti communiste). Ce sont toujours des pulsions profondes héritées du colonialisme qui ainsi ont été mobilisées, souvent sous les oripeaux progressistes d'un "universalisme" transformé en moyen de domination.
Au boycott par le PS et EELV de la manifestation "stop à l'islamophobie" du 10 novembre 2019 (laquelle a été l'un des rares succès du combat antiraciste ces dernières années en réunissant les premiers concernés, en lutte pour la dignité, et une bonne partie de la gauche dont LFI), s'est opposé la participation de Y. Jadot, d'O. Faure et de F. Roussel, aux côté d'E. Zemmour et de G. Darmanin, à la manifestation organisée le 19 mai 2021 par le syndicat policier d'extrême-droite Alliance... pour exiger la suspension de l'Etat de droit au profit de l'impunité policière. On retrouve, en rapprochant ces deux événements, les liens structurels actuellement à l'oeuvre entre consensus raciste et consentement à la fascisation.
A quel moment l'augmentation quantitative de l'autoritarisme et des violences d'Etat débouche-t-elle sur le saut qualitatif qui fait passer à un régime fasciste ? A quel moment la montée du racisme d'Etat laisse-t-elle la place à l'établissement d'un Etat raciste ? Les analyses d'Ugo Palheta et d'Omar Slaouti sur ces questions sont d'une actualité brûlante
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